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La transmission du coronavirus par voie aérienne et l’atténuation des risques

17 juillet 2020

Les autorités sanitaires insistent sur l’importance de comprendre le danger des microgouttelettes – comment améliorer la ventilation intérieure ?

Par Patrick Chambers

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) est pressée par les scientifiques de modifier sa position officielle afin de reconnaître que le virus causant la COVID-19 peut se transmettre par les microgouttelettes en suspension dans l’air. Dans une lettre ouverte signée par plus de 200 scientifiques, l’OMS est appelée à reconnaître les preuves de plus en plus nombreuses démontrant le danger que représente la transmission par microgouttelettes.

À l’heure actuelle, les principales précautions recommandées par l’OMS sont le lavage fréquent des mains et la distanciation physique. L’organisme reconnaît peu ou pas les mécanismes de transmission par voie aérienne, comme les microgouttelettes ou les particules transportant le virus dans l’air.

Dans cet article (en anglais) publié il y a peu de temps, les auteurs expriment leur désaccord avec les autorités sanitaires internationales — incluant l’OMS et les CDC (Centers for Disease Control and Prevention) — qui sont réticentes à reconnaître les preuves de transmission par voie aérienne du virus. Cet article plaide pour une reconnaissance immédiate de ce type de transmission et la publication de conseils sur les mesures d’atténuation.

Un article récemment publié plaide pour une reconnaissance immédiate de la transmission aérienne du virus et la publication de conseils sur les mesures d’atténuation.

Cet article indique également que le processus permettant de prouver sans équivoque que le virus se transmet par voie aérienne est éminemment complexe et pourrait prendre plusieurs mois. Cela représente une perte d'un temps précieux qui pourrait être utilisé pour atténuer les effets du virus sur la société. Faire la preuve d’une transmission par voie aérienne est complexe en raison des exigences rigoureuses d’expérimentation, notamment les longues et nombreuses périodes d’échantillonnage, des connaissances approfondies nécessaires des modèles de turbulences et de dispersion du nuage de particules dans l’air, et des essais dynamiques permettant de savoir si une microgouttelette ou une particule contient ou non le virus. Ce sont toutes des raisons pouvant expliquer que les organismes comme l’OMS et les CDC n’ont pas encore reconnu la transmission aéroportée comme moyen de propagation du virus.

Toutefois, le fait qu’il soit difficile de détecter le virus ou de déceler ses déplacements dans l’air ne signifie pas que le phénomène n’existe pas.

Comme se fait la transmission par microgouttelettes ?

Les particules produites par la respiration, la toux, les éternuements ou lorsque nous parlons commencent à s’évaporer aussitôt qu’elles sont projetées dans l’air. Le taux d’évaporation dépend entièrement de l’humidité ambiante relative. À mesure que les gouttelettes s’évaporent, elles rapetissent jusqu’à devenir si petites qu’elles se mettent à flotter. Soulevées par les courants et la diffusion de l’air, elles se retrouvent en suspension dans l’air.

Les particules peuvent alors se déplacer en fonction de facteurs externes tels que la force des vents, les turbulences et la diffusion de l’air. Dans certains cas, il a été démontré que des microgouttelettes transportant le virus peuvent voyager jusqu’à plus de 10 mètres de leur point d’origine (en anglais). Ceci rejoint l’avis de l’ASHRAE concernant l’aérobiologie théorique de la transmission par gouttelettes produites par un patient infecté, comme illustré dans l’image 1 ci-dessous.

Aérobiologie théorique de la transmission par gouttelettes et de petites particules aéroportées produites par un patient atteint d’une infection aiguë (image courtoisie de Yuguo Li, tirée de l’ASHRAE [2020] p. 5).

Dans une étude faite par la Japanese Association for Infectious Diseases (en anglais), des caméras à haute définition capables de capter les microgouttelettes invisibles à l’œil nu ont été utilisées pour démontrer comment se produit l’aérosolisation et comment de minuscules gouttelettes (1/10 000 de millimètre) peuvent se retrouver suspendues dans l’air puis transportées par celui-ci. Des analyses avec des personnes qui éternuent, toussent, parlent (doucement et fort) ou qui respirent tout simplement ont été faites et les observations ont démontré que les microgouttelettes peuvent demeurer dans une pièce mal ventilée durant près de 10 minutes.

Ces découvertes rejoignent le consensus de plus en plus grand voulant que la transmission par voie aérienne des microgouttelettes soit une explication plausible de la grande propagation de la COVID-19. Elles appuient également le port de couvre-visages, particulièrement pour les personnes infectées.

Le fait qu’il soit difficile de détecter le virus ou de déceler ses déplacements dans l’air ne signifie pas que le phénomène de la transmission par voir aérienne n’existe pas.

Qu’en est-il d’un retour à la vie normale ?

La transmission aéroportée pose un risque majeur et malheureusement, rend un retour à la normale beaucoup plus difficile, puisque les risques d’infection ne peuvent être atténués simplement par le lavage des mains et la distanciation physique. Des mesures rigoureuses visant les systèmes de ventilation s’avèrent nécessaire, particulièrement dans les lieux publics intérieurs très fréquentés tels que les transports, les bureaux, les écoles, les restaurants, les commerces, etc.

Les caractéristiques d’une bonne ventilation comme un haut taux de renouvellement de l’air, une filtration améliorée, un bon entretien des systèmes CVC ainsi que les technologies de stérilisation UV et par ionisation peuvent aider à réduire le risque de transmission par voie aérienne du virus. Mais toutes ces stratégies requièrent un investissement accru et entraînent des coûts récurrents liés à la maintenance ainsi qu’une plus grande consommation d’énergie.

La transmission aéroportée pose un risque majeur et malheureusement, rend un retour à la normale beaucoup plus difficile.

La ventilation naturelle demeure la mesure à privilégier. Mais elle repose sur la présomption que l’atmosphère offre un espace suffisamment grand pour permettre aux microgouttelettes de se diluer à des niveaux sécuritaires, ou aux éléments naturels comme les rayons UV et la phytoépuration biologique de neutraliser un virus ou une bactérie jusqu’à les rendre inoffensifs. C’est donc dire que lorsque la ventilation naturelle est la méthode privilégiée pour éliminer les contaminants, il faut tenir compte de la présence de prises d’air ou de zones occupées à proximité des sorties d’air contaminé. Mais la capacité à instaurer une bonne ventilation naturelle dépendra des conditions météorologiques et du type d’ouvertures sur les façades, et cela pourrait nécessiter d’investir dans des stratégies mixtes plus efficaces en matière de bâtiments.

Préparer l’avenir

Un engagement plus ferme de la part de l’industrie envers la qualité de l’air s’avère nécessaire. L’application de normes plus élevées en matière de filtration et de traitement de l’air, comme celles encadrant les hôpitaux, deviendra tout aussi importante pour les secteurs moins à risque, comme les bureaux. Les systèmes de contrôle de la pression d’air et les stratégies de confinement de l’air utilisés dans les laboratoires pourraient également devenir de plus en plus courants au sein d’autres secteurs, de façon à créer une barrière à la circulation de l’air et à isoler des zones.

Maintenant plus que jamais, des systèmes de ventilation bien conçus et installés joueront un rôle essentiel pour favoriser la santé publique et une reprise réussie de l’économie et des activités des entreprises.

Traduction du blogue publié originalement sur le site Ideas de Stantec.

 

À propos de l’auteur :

Ingénieur mécanique, Patrick se consacre à des projets de bâtiments haute performance et d’infrastructures de grande envergure.

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