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Aéroports et COVID-19 : amélioration des procédures de dépôt des bagages

01 juin 2020

Les tragédies, comme le vol 182 d’Air India et les événements du 11 septembre, ont modifié le transport aérien. Quel sera l’effet de la pandémie sur la manutention des bagages dans les aéroports?

Par Matt Colby

Parfois, il faut une tragédie pour que les choses changent réellement. Le 23 juin 1985, les 323 passagers du vol 182 d’Air India sont morts dans l’explosion de l’avion au-dessus de l’océan Atlantique. Cet acte de terrorisme, le pire de l’histoire canadienne, a entraîné la mort des 268 Canadiens se trouvant parmi les passagers. Les terroristes ont caché une bombe dans une valise chargée à bord de l’avion, sans prendre le vol. Avant 1985, les autorités aéroportuaires et les sociétés aériennes n’établissaient aucun lien entre les bagages et les passagers, et une fois un bagage enregistré, il était chargé à bord même si le passager auquel il appartenait ne prenait pas place à bord de l’avion.

À l’époque, une procédure avait déjà été définie pour assurer que les bagages enregistrés accompagnaient un passager. Toutefois, des obstacles à l’implantation de la procédure dans les aéroports se dressaient depuis des années. Quelques mois seulement après l’explosion du vol Air India, la procédure aujourd’hui connue sous le nom d’appariement passager-bagage a été mise en place dans les aéroports du monde entier.

Dans le sillage des événements tragiques survenus le 11 septembre 2001, l’agence américaine Transportation Security Administration (TSA) a été créée, suivie peu de temps après par la création au Canada de l’Administration canadienne de la sûreté du transport aérien (ACSTA). Ces agences gouvernementales ont contraint les aéroports des États-Unis et du Canada à faire l’inspection de tous les bagages enregistrés à l’aide de systèmes de détection des explosifs. Les technologies et les procédures nécessaires pour le faire avaient été développées des années plus tôt. Partout en Amérique du Nord, au cours des années qui ont suivi les événements du 11 septembre, les aéroports ont modernisé leurs systèmes de manutention des bagages et commencé à faire l’inspection de tous les bagages enregistrés.

Lorsqu’une tragédie survient, nous réalisons le besoin de changement et nous agissons.

On peut s’attendre à la conversion des comptoirs existants de dépôt des bagages en comptoirs libre-service. (Source : Dépôt libre-service et photo par Glidepath).

Repenser l’enregistrement des bagages. Encore une fois.

Peu de gens ont vu la crise se profiler. Nous luttons contre un ennemi invisible. Vu de cette manière, le virus de la COVID-19 n’est pas une difficulté inhabituelle pour ceux qui ont fait face aux menaces précédentes dans les aéroports. Les experts tentent de trouver des façons de détecter une menace qui est, la plupart du temps, invisible à nos yeux.

Comme c’était le cas lors des tragédies qui ont eu des répercussions sur les processus du transport aérien, les technologies et les procédures nécessaires pour éviter et contrer la COVID-19 dans les aéroports ont probablement déjà été mises au point. Actuellement, les autorités aéroportuaires du monde entier consentent des efforts pour déterminer et évaluer les améliorations possibles à leurs infrastructures et les changements à leurs procédures dans le but de rendre le transport aérien plus sûr pour tous.

C’est difficile de modifier des procédures établies depuis longtemps, spécialement dans des organisations aussi importantes et complexes que les principaux aéroports dans le monde.

Une procédure totalement sans contact

Le comptoir d’enregistrement des bagages est souvent le premier endroit où se dirigent les passagers à leur arrivée à l’aérogare. Beaucoup d’aéroports sont déjà munis de dépôts de bagages libre-service. Il existe différentes procédures qui permettent aux passagers d’enregistrer leurs bagages en libre-service, sans devoir passer par un agent de la société aérienne. La première impression est importante. Afin de rétablir la confiance en la sécurité du transport aérien lorsque les gens recommenceront à voyager par avion, il sera important de mettre en place une procédure pour entrer dans l’aérogare et y déposer les bagages tout en maintenant une distance d’éloignement physique. On peut s’attendre à ce que les comptoirs existants de dépôt des bagages soient convertis en comptoirs libre-service.

Mais cette conversion ne sera pas suffisante. Car lorsque les passagers enregistrent eux-mêmes leurs bagages, ils doivent le faire à des bornes à écran tactile pour entrer des renseignements servant à l’impression des étiquettes de bagages et à la prise en charge de leurs bagages. Cela nécessite de toucher des surfaces communes aux autres passagers.

Ce que les autorités s’efforcent maintenant de mettre en place est une procédure d’enregistrement de bagages totalement sans contact. Ce sera l’objectif le plus difficile à atteindre qui soit. Voici quelques moyens pour y parvenir.

Les étiquettes d’identification par radiofréquence (RFID) sont dotées d’une puce contenant des informations et d’un dispositif à antenne capable de les transmettre. Voilà ce à qui pourrait constituer une procédure de dépôt de bagages sans contact. (Source : Images de Gustavo Cadar)

Appareils mobiles utilisés comme télécommande dans les aéroports

En 2019, l’aéroport international de San Francisco est devenu le premier aéroport à déployer une solution infonuagique dans ses installations, ce qui permettra théoriquement aux passagers d’utiliser leur appareil mobile personnel comme « télécommande dans les procédures de transport aérien ».

Grâce à une solution infonuagique, les passagers pourraient vivre une expérience entièrement gérée par mobile dans l’aérogare, leur appareil mobile leur permettant de franchir chacune des étapes jusqu’à l’embarquement.

Ils n’auraient plus besoin de toucher l’écran tactile des bornes. Les passagers utiliseraient leur appareil mobile pour commander le dispositif d’impression des étiquettes à bagages. Au comptoir de dépôt des bagages libre-service, les passagers fourniraient les renseignements au moyen de leur téléphone pour la prise en charge de leurs bagages.

Remplacer les interfaces tactiles par la reconnaissance faciale, vocale et des gestes

Au cours des dix dernières années, les avancées en matière de biométrie ont été phénoménales. Nos appareils mobiles et nos ordinateurs personnels peuvent maintenant nous reconnaître au moyen d’attributs physiques.

La reconnaissance faciale est déjà présente dans de nombreuses aérogares, et nous pouvons nous attendre à ce que cette technologie soit davantage utilisée dans les différentes étapes à franchir, à commencer par l’enregistrement des bagages. C’est le moyen idéal de faire savoir à l’agent au comptoir qui vous êtes sans toucher à aucune surface.

Les autorités aéroportuaires étudient aussi les technologies à base des gestes et de la voix. La nature et l’état d’avancement de ces technologies peuvent entraîner des difficultés de réglage et d’utilisation, mais le besoin actuel pour la conception d’environnement sans contact incitera possiblement les entreprises technologiques à poursuivre le développement pour les rendre plus précises et intuitives.

Étiquettes RFID personnelles et permanentes pour les bagages

Et s’il était possible de supprimer l’étape d’impression des étiquettes à bagages? Depuis des décennies et à l’échelle mondiale, les compagnies aériennes utilisent des étiquettes en papier munies d’un code à barres. En 2018, l’industrie du transport aérien a imprimé l’équivalent de plus de deux millions de kilomètres d’étiquettes à bagages en papier, au coût d’environ 400 millions de dollars américains.

Il existe pourtant une meilleure façon de faire en attente d’implantation depuis longtemps déjà, et que les professionnels du secteur de l’aviation et les organismes du transport aérien s’emploient à promouvoir. Les étiquettes d’identification par radiofréquence, communément appelées étiquettes RFID, sont dotées d’une puce contenant des informations et d’un dispositif à antenne capable de les transmettre. Dans les quelques aérogares où les étiquettes RFID sont utilisées, une puce est insérée dans les étiquettes en papier; cette façon de faire est toutefois coûteuse et nécessite quand même la mise des étiquettes sur les bagages à l’aérogare.

Si la technologie de radio-identification était implantée dans tous les aéroports du monde, il suffirait de fixer une étiquette RFID permanente à chaque bagage qu’on apporte. De nombreux fabricants de valises fabriquent maintenant des produits spécialement conçus pour y insérer des étiquettes RFID. Il ne serait plus jamais nécessaire de se présenter à un comptoir de l’aérogare pour y faire imprimer des étiquettes à bagages. Puisque des lecteurs RFID seraient utilisés pour identifier les bagages, il serait plus facile de faire le suivi qu’avec les étiquettes en papier, ce qui réduirait les pertes de bagages.

Des investissements importants sont nécessaires dans les grands aéroports pour convertir à la technologie RFID les systèmes actuels de gestion des bagages. Dans la plupart des aéroports, les nombreux avantages de cette technologie n’ont pas suffi pour compenser les coûts. Jusqu’à maintenant.

Quel sera l’effet de la pandémie de COVID-19 sur la manutention des bagages dans les aéroports?

La nécessité est mère de l’invention

Le moment est idéal pour innover. C’est difficile de modifier des procédures établies depuis longtemps, spécialement dans des organisations aussi importantes et complexes que les principaux aéroports dans le monde. Nous sommes témoins, peut-être pour la première fois depuis une génération, d’une prise de conscience mondiale unifiée de la nécessité de faire les choses différemment.

Il y a toujours des progrès à faire, mais parfois les obstacles à l’amélioration s’évanouissent et le moment devient idéal pour évoluer, grandir et devenir plus résilient. Nous vivons un de ces moments. Tirons profit de la technologie et des procédures disponibles, utilisons-les pour apporter des changements positifs et sortir de cette crise plus fort que jamais.

 

À propos de l’auteur :

Spécialiste des systèmes de manutention des bagages, Matt s’assure que nos bagages se rendent au bon endroit. Il a aussi travaillé dans les secteurs industriels, automobiles, des aliments et des boissons, pharmaceutiques et commerciaux.

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