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Le coronavirus et le cycle de l’eau : ce que les professionnels du traitement de l’eau devraient savoir

21 février 2020

Par David Pernitsky and Arthur Umble

À l’heure où la communauté internationale de la santé suit de près l’évolution du virus, les professionnels de l’industrie du traitement des eaux se doivent de rester bien informés sur les potentiels

Àl’heure où la communauté internationale de la santé suit de près l’évolution du virus, les professionnels de l’industrie du traitement des eaux se doivent de rester bien informés sur les potentiels impacts du virus.

Il est presque impossible de passer à côté des grands titres. Depuis les dernières semaines, la pandémie du nouveau coronavirus (2019-nCoV ou COVID-19) domine l’actualité. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) en parle comme de l’« ennemi public numéro un ». Mais que savons-nous au sujet des coronavirus et de leur présence dans l’eau et dans les systèmes de traitement des eaux ? Et que peuvent faire les opérateurs de ces systèmes pour protéger la santé publique ?

Les systèmes modernes de traitement des eaux potables et usées jouent un rôle important dans la protection de la santé publique. Étant donnés les risques de transmission environnementale, les opérateurs doivent connaître le potentiel de survie de ce type de virus dans l’eau et dans les systèmes de traitement.

Les pointes à la surface des coronavirus sont à l’origine du nom de cette famille de virus – en latin, corona signifie « couronne ».

Les coronavirus, nommés ainsi à cause des pointes à leur surface rappelant une couronne, ont été identifiés pour la première fois au milieu des années 1960. Actuellement, nous connaissons sept coronavirus qui infectent les humains et les rendent malades. Trois d’entre eux — associés au MERS-CoV, au SARS-CoV et à la COVID-19 — ont émergé au cours des 20 dernières années et démontrent bien comment certains coronavirus infectent les animaux puis évoluent jusqu’à infecter les humains. La COVID-19 est une nouvelle variété de coronavirus et il s’agit d’un virus enveloppé à ARN, à simple brin et de polarité positive.

Quelles sont les chances de survie des coronavirus dans les usines de traitement des eaux usées ? Ou en milieu aquatique ? Devrions-nous être inquiets face à l’efficacité des processus de filtration et de désinfection de l’eau pour éliminer et inactiver le coronavirus ? La réponse courte est non – si nous prenons toutes les précautions appropriées et que nous tenons compte des risques.

La réponse longue maintenant : il s’agit d’un nouveau virus et il existe peu de littérature portant sur l’efficacité des processus de traitement de l’eau. De plus, la réalité variera selon la qualité de l’eau et les types d’usines de traitement. Une étude (en anglais) réalisée par l’Université de l’Arizona en 2008 a démontré que les coronavirus ne semblent pas plus résistants au traitement de l’eau que les autres micro-organismes tels que l’E.Coli, les bactériophages et les poliovirus – souvent utilisés pour tester la performance des traitements. Les résultats d’études menées en laboratoire suggèrent que la survie des coronavirus dépend de la température, avec un plus haut taux de survie à de basses températures. Ainsi, on peut s’attendre à ce que la présence de coronavirus soit réduite dans les eaux usées brutes et les eaux de surface dans les saisons plus chaudes. 

Comment se transmet-il ?

Les virus humains ne se reproduisent pas dans l’environnement. Pour qu’un coronavirus se transmette par l’entremise du cycle de l’eau, il doit avoir la capacité de survivre dans les déchets humains, de maintenir son degré d’infectiosité puis entrer en contact avec une personne – normalement par l’entremise des aérosols. Les résultats suggèrent que la COVID-19 peut se transmettre par l’entremise de déchets humains.

Les usines modernes de traitement de l’eau potable sont bien équipées pour éliminer et désinfecter les virus par des processus de filtration et de désinfection.

Dans l’éventualité d’une pandémie, l’industrie du traitement des eaux ferait face à un niveau de surveillance accru. Les responsables des installations devraient réagir rapidement afin de minimiser les risques pour la santé publique et celle des professionnels en se basant sur les informations disponibles. Les effluents d’eaux usées pourraient affecter les eaux d’irrigation, l’eau potable et l’eau utilisée à des fins récréatives. Bien que le traitement des eaux usées réduise le niveau des virus, des virus humains infectieux sont souvent détectés dans les effluents d’usines de traitement d’eaux usées.

Information pour les opérateurs d’usine de traitement des eaux usées.

Habituellement, les déchets humains qui pénètrent dans les réseaux d’égouts sont transportés par des conduites souterraines jusqu’à une usine de traitement municipale. Les usines traitant les eaux usées provenant d’hôpitaux, de centres d’isolement pour les patients atteints du coronavirus et de régions où le niveau de contamination est élevé peuvent avoir un niveau de concentration du virus plus élevé. Les eaux usées sont traitées selon divers processus afin de réduire la pollution des eaux réceptrices (lacs, rivières) puis désinfectées.

Il existe à ce jour plusieurs inconnues concernant le rôle que jouerait le cycle de l’eau dans la propagation des virus enveloppés. Le manque de méthodes de détection de cette souche de virus est la principale raison expliquant le peu d’information disponible. La majorité de méthodes de détections est conçue et optimisée pour les entérovirus non enveloppés.

En règle générale, le traitement secondaire des eaux usées élimine 1 log (90 %) des virus, bien que de larges études suggèrent que le taux d’élimination des virus soit très variable, allant de presque nul à plus de 2 log (99 %). Dû à sa variabilité, le principal processus pour inactiver les virus dans le traitement des eaux usées et la désinfection chimique (par exemple la chloration) ou la lumière ultraviolette.

Le traitement de l’eau potable est une barrière efficace

Les usines de traitement des eaux de surface ayant des émissaires de rejets d’eaux usées en amont sont les plus susceptibles de subir des impacts sur la qualité des eaux de surface et d’avoir une eau brute contaminée par les coronavirus durant et après une épidémie. Les virus sont exposés à plusieurs facteurs pouvant les inactiver dans les eaux de surface tels que la lumière du soleil, les produits chimiques oxydants et les micro-organismes. Généralement, les virus enveloppés sont plus vulnérables aux désinfectants les plus souvent utilisés pour traiter l’eau potable que les virus non enveloppés.

Selon les recherches publiées, les processus de traitement de l’eau qui répondent aux normes en matière d’élimination et d’inactivation des virus sont efficaces contre les coronavirus.

Par exemple, les recommandations pour la qualité de l’eau potable émises par Santé Canada indiquent que le traitement conventionnel au chlore libre disponible peut atteindre une inactivation d’au moins 8 log des virus en général. Évidemment, l’efficacité de la désinfection doit être constamment surveillée (dont la turbidité, les doses de désinfectant, les résidus, le pH, la température et le débit). La filtration conventionnelle optimisée peut atteindre 2 log (99 %) d’élimination des virus, et il ne s’agit que d’un processus de traitement de l’eau potable parmi tant d’autres que les usines utilisent pour rendre l’eau que nous buvons sécuritaire. 

Les usines modernes de traitement de l’eau potable sont bien équipées pour éliminer et désinfecter les virus par des processus de filtration et de désinfection.

En résumé

Ces virus ne constituent pas une menace sérieuse pour les usines de traitement des eaux en raison de leur faible concentration dans les eaux usées municipales et de leur grande vulnérabilité face à la dégradation dans les environnements aqueux. Selon les nouvelles directives de l’Occupational Safety and Health Administration (OHSA) des États-Unis, rien de démontre que des mesures de protection supplémentaires devraient être déployées pour protéger les employés des usines de traitement des eaux usées de la COVID-19.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) est arrivée à la conclusion que la communication des risques et l'engagement communautaire (CREC) ont été des éléments clés lors d’urgences sanitaires. Les actions à prendre face au coronavirus comprennent la communication des mesures préventives et la mise sur pied d’un système permettant de prendre le pouls de la population et de ses perceptions afin de prévenir la désinformation.

 

Recommandations de base pour les opérateurs d’usines de traitement des eaux dans un contexte de pandémie potentielle.

Jusqu’à maintenant, ce virus ne semble pas bien survivre dans l’environnement et il peut être efficacement éliminé par le traitement de l’eau, particulièrement par la chloration, et pose un risque minime dans l’eau potable. Alors que la pandémie se poursuit, plus d’expériences sur la qualité de l’eau sont nécessaires avant de tirer des conclusions majeures sur leur taux survie dans le processus de traitement. Quoique complexes, particulièrement alors que le virus continue de se reproduire et d’évoluer, les évaluations quantitatives du risque devraient être une priorité en ce qui a trait à la présence des virus enveloppés dans les eaux usées, dans l’eau utilisée à des fins récréatives et dans l’eau potable.

Les opérateurs de traitement des eaux peuvent télécharger ce document de présentation technique pour plus de détails sur l’état actuel de nos connaissances sur les coronavirus en lien avec notre pratique. Pour accéder à d’autres sources d’informations fiables, de bonne réputation et qui sont régulièrement mises à jour avec des informations techniques, de l’information sur la santé publique et les recherches les plus récentes, visitez le site de la Water Environment Federation sur le coronavirus. 

  • David Pernitsky

    Solving water treatment problems starts with understanding root causes, which are not always obvious. That’s why, as a water treatment professional, David works to avoid solutions that only address the symptoms of deeper issues

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  • Arthur Umble

    As the lead for Stantec's Institute for Applied Science, Technology & Policy, Arthur’s position involves developing strategies and providing solutions for complex wastewater treatment challenges.

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