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La révolution bleue peut-elle remédier à la pénurie de produits de la mer?

16 août 2022

Nous nous penchons sur les difficultés auxquelles est confrontée l’industrie et sur la façon dont l’aquaculture améliore la sécurité alimentaire

Par Glenn Shiell

Depuis la nuit des temps, l’humain exploite la mer pour se nourrir. Et depuis le siècle dernier, la pêche s’est intensifiée, ce qui a mené à de la surpêche dans certaines zones, puis à la mise en danger de centaines d’espèces. Combinée au réchauffement climatique, cette situation cause une pénurie de produits de la mer. L’aquaculture, soit l’élevage d’aliments dans un environnement marin ou en eau douce, peut aider à contrer la pénurie d’aliments. Il s’agit de l’un des secteurs de production alimentaire qui connaît la croissance la plus rapide dans le monde, et il peut facilement s’adapter aux besoins en constante évolution. Sans compter que l’aquaculture a une empreinte carbone beaucoup moins grande et présente un meilleur indice de conversion alimentaire que les autres types d’élevages terrestres.

L’aquaculture est un vaste concept qui concerne un large éventail d’espèces, des mollusques aux crustacés, en passant par les poissons et même les algues. Comment ce concept peut-il contribuer à réduire les problèmes de sécurité alimentaire? L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture estime que la production de produits de la mer doit atteindre jusqu’à 204 millions de tonnes d’ici à 2030 pour subvenir aux besoins de la population croissante, qui devrait atteindre neuf milliards de personnes avant 2040. La pêche d’espèces sauvages n’ayant pas connu de croissance significative au cours des 30 dernières années, l’aquaculture doit être mise à profit.

Cages d’aquaculture marine.

Qu’est-ce que l’aquaculture?

Ce type d’élevage en mer et en eau douce se concentre généralement sur l’alevinage, l’alimentation et la protection des poissons contre les prédateurs afin de produire des aliments de qualité. L’aquaculture est pratiquée dans le monde entier, que ce soit sur les côtes, dans les étangs, dans les rivières et dans des bassins ou des étangs artificiels. Les producteurs d’aujourd’hui, lorsqu’ils respectent des pratiques responsables, peuvent fournir des aliments nutritifs, sains et durables qui sont bons pour la santé humaine et pour l’environnement.

Les technologies utilisées varient considérablement. Certains producteurs recourent à des systèmes à faible technicité, comme ceux utilisés pour l’élevage du poisson-chat dans des étangs en Asie, alors que d’autres font usage de systèmes d’aquaculture intensive technologiquement avancés à recirculation, par exemple les installations intérieures climatisées d’élevage de saumon au Moyen-Orient. La plupart des poissons d’élevage dans le monde sont élevés dans des étangs, mais une proportion croissante d’entre eux le sont de manière intensive dans des systèmes intérieurs à recirculation et dans des bassins allongés extérieurs, ce qui permet d’obtenir un flux régulier de produits de haute qualité pour les consommateurs du monde entier.

Depuis la nuit des temps, l’humain exploite la mer pour se nourrir.

L’aquaculture et la distribution mondiale : Où en est l’Australie?

Selon les dernières statistiques mondiales, l’aquaculture est évaluée dans son ensemble à 260 milliards de dollars américains. Elle fournit un total de 114 millions de tonnes de produits, dont 82 millions de tonnes d’animaux aquatiques; l’Australie et la Nouvelle-Zélande produisent et contribuent à hauteur d’environ 0,2 million de tonnes. 

Bien que l’industrie australienne de l’aquaculture soit encore relativement petite par rapport à l’industrie mondiale, elle est en pleine croissance et bénéficie d’importants revenus générés par des produits de qualité supérieure. En 2020, la valeur brute de la production australienne a augmenté de 10 %, pour atteindre 1,6 milliard de dollars américains. Ce montant représente plus de la moitié de la valeur de l’industrie de la pêche et de la production aquacole d’Australie.

Est-ce une pratique durable?

Comme dans toute exploitation agricole, la concentration de la population animale pose des difficultés en matière d’environnement et soulève des questions sur le développement durable, notamment la concurrence pour les ressources, les déchets et la perception négative du public concernant les types d’aliments et de médicaments utilisés dans l’industrie.   

Difficultés liées à l’approvisionnement

Les côtes immaculées de l’Australie sont une ressource naturelle de premier plan, mais la situation pourrait bien changer. Les fermes aquacoles pourraient à l’avenir entrer en concurrence avec d’autres catégories d’utilisateurs, comme les pêcheurs, les exploitants touristiques et les parcs marins. Bien qu’il subsiste des problèmes dans certaines régions, les éleveurs prennent soigneusement en compte cette concurrence lors de la planification des installations. Les emplacements des fermes aquacoles sont sélectionnés en conformité avec les lignes directrices relatives à la gestion des risques environnementaux et ne sont retenus qu’après une évaluation rigoureuse de leur incidence sur l’environnement.

Déchets

L’aquaculture génère deux types de déchets : les déchets solides, constitués d’aliments non consommés et d’excréments, et les déchets dissous, principalement de l’azote et du phosphore. La production de déchets augmente naturellement avec l’intensité des activités d’élevage. Lorsque la population des poissons d’élevage est importante et que les eaux sont calmes, les déchets peuvent s’accumuler sous les cages marines. Dans les pires conditions, cette accumulation peut altérer temporairement la biochimie des fonds marins.

Le fait de choisir avec soin l’emplacement des cages et de suivre les bonnes pratiques de gestion contribue largement à réduire ces effets. La surveillance des fonds marins sous les cages est une exigence des permis, et les conditions écologiques de ces zones sont gérées avec attention. En Australie, la réglementation à cet effet est rigoureusement appliquée et a conduit à la fermeture de certains sites d’élevage dans les eaux de Tasmanie, en attendant l’amélioration naturelle de la condition des fonds marins, qui se produit généralement rapidement dès qu’une exploitation est mise au repos.

Alimentation et additifs

Dans les installations d’aquaculture intensive, les aliments industriels sont un élément important de l’alimentation des poissons d’élevage. Ces aliments artificiels de haute qualité, formulés pour une croissance rapide, peuvent contenir de 10 à 20 % de farine de poisson provenant de poissons sauvages, ce qui amène certains à s’interroger sur le caractère durable de l’élevage. Le remplacement de cette farine de poisson fait l’objet de recherches en aquaculture depuis 20 ans. Des progrès ont été effectués vers la substitution complète des farines de poisson dans l’industrie, mais il reste encore du chemin à parcourir. Lorsque la substitution totale n’est pas possible, l’utilisation de céréales, d’insectes, de sous-produits de la pêche et de l’aquaculture est une solution de rechange appropriée pour fournir des aliments aquacoles durables.

Malgré ces difficultés, il est largement reconnu que l’aquaculture représente une solution pour combler l’écart entre l’offre et la demande de produits de la mer à l’échelle mondiale. Elle reste l’une des formes d’élevage les plus efficaces, compte tenu de la quantité d’aliments nécessaire à la production nette. Par exemple, le saumon de l’Atlantique a besoin d’un peu plus d’un kilo d’aliments pour gagner un kilo de poids corporel. En comparaison, le porc a besoin en moyenne de deux à six kilos d’aliments pour gagner un kilo de poids corporel, et le bœuf, de 4,5 à 7,5 kg. En plus de ces excellents taux de conversion alimentaire, les poissons ne produisent pas de méthane, de sorte que leur empreinte carbone est nettement plus faible que celle des ruminants élevés de manière intensive, qui produisent jusqu’à 500 litres de méthane par animal et par an.

Installations d’aquaculture à Abu Dhabi.

Que fait Stantec pour soutenir le développement d’une industrie durable?

L’équipe multidisciplinaire de Stantec travaille directement avec l’industrie de l’aquaculture et les organisations gouvernementales pour développer des solutions innovantes aux problèmes de l’industrie.

Nous travaillons sur différents types de projets, notamment :

  • l’évaluation et la sélection de sites d’aquaculture;
  • l’amélioration de la gestion des déchets;
  • la gestion environnementale et l’évaluation des effets sur l’environnement;
  • la modélisation intégrée pour prévoir avec précision les effets des installations et des activités aquacoles sur l’environnement.

Récemment, notre équipe a été reconnue pour le caractère innovant de son approche rigoureuse du développement de l’aquaculture au Moyen-Orient. Aux Émirats arabes unis, nous avons utilisé la modélisation financière et environnementale ainsi qu’une évaluation fondée sur de multiples critères afin d’identifier les sites les plus appropriés. Nous avons utilisé cette approche pour déterminer les effets sur l’environnement marin et le temps nécessaire pour que l’environnement se rétablisse pendant l’étape de repos de l’exploitation, tout en offrant au client la meilleure solution, et la plus économique qui soit. Cette démarche pluridisciplinaire fait appel à nos compétences financières, scientifiques et d’ingénierie. Nous appliquons les meilleures pratiques de l’industrie et assurons une précision et une fiabilité inégalées jusqu’à présent. Ces modèles révolutionnaires n’ont été utilisés que dans un petit nombre de sites dans le monde.

Notre équipe travaille avec un nombre croissant de clients locaux et internationaux, contribuant au développement durable d’une industrie qui est en première ligne pour nourrir nos collectivités, aujourd’hui et dans l’avenir.

Traduction du blogue publié originalement sur le site Ideas de Stantec.

À propos de l’auteur :

Passionné par l’aquaculture durable, Glenn est un spécialiste des sciences de la mer basé à Perth, en Australie. Il possède plus de 20 ans d’expérience et dirige le secteur Asie-Pacifique de l’équipe des sciences de la mer et de l’aquaculture.

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