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PFAS et eau potable : ce que les services publics doivent savoir sur ces contaminants

12 juillet 2023

L’EPA propose de nouvelles concentrations limites de PFAS. Une experte expose de possibles solutions pour les fournisseurs de services publics.

Par Nicolle Boulay

On entend partout parler des PFAS. Les fournisseurs et les municipalités qui assurent des services d’approvisionnement en eau et qui sont préoccupés par les contaminants chimiques dans l’eau potable sont sur un pied d’alerte depuis l’annonce en mars des nouvelles concentrations limites proposées par l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA).

Beaucoup de consommateurs sont au courant de la présence de PFAS dans l’eau potable, et la nouvelle norme contribuera à renforcer la sensibilisation à ces contaminants. Ils seront plus nombreux à demander des solutions aux grandes entreprises de services publics comme aux petites municipalités.

Mais le problème des PFAS dans l’eau potable ne pourra pas se régler rapidement. Cela demandera une approche globale qui s’inscrira dans la durée.

Aux acteurs du secteur qui se demandent ce qu’il est possible de faire maintenant ou qui soupçonnent de fortes concentrations de contaminants dans l’eau potable qu’ils produisent, je dirai que le temps est opportun d’élaborer un plan d’action pour satisfaire aux nouvelles normes proposées.

La prise d’échantillons supplémentaires est recommandée relativement aux PFAS. Les données obtenues seront utiles pour soutenir les prises de décision.

Dans cet article, je présente d’abord des notions élémentaires concernant les PFAS et les normes de l’EPA concernant l’eau potable. J’exposerai ensuite les avantages d’élaborer un plan d’action et de mener une étude pilote, ainsi que les avenues de financement de ces activités.

Aperçu des PFAS

Les PFAS (acronyme désignant les substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées) sont des substances chimiques synthétiques employées depuis les années 1940. Ces substances sont utilisées pour rendre les produits imperméables à l’eau et aux huiles, antitaches ou résistants aux flammes. On en trouve dans presque tout, des cosmétiques aux articles de plein air. Elles servent à la fabrication de poêlons antiadhésifs, d’emballages à usage alimentaire, de mousse servant à éteindre les incendies, et à d’innombrables procédés industriels.

On les surnomme « contaminants persistants », car les PFAS se dégradent très peu dans l’environnement : les liaisons carbone-fluor que ces substances contiennent sont extrêmement fortes et, par conséquent, difficiles à briser et à détruire. Selon les estimations d’experts, plus de 10 000 substances chimiques de cette famille ont été introduites dans l’environnement. En raison de leur omniprésence et de leur persistance, ces substances chimiques ont fini par aboutir dans les eaux souterraines et de surface qui servent de sources d’eau potable. Et maintenant, les fournisseurs d’eau potable doivent faire le suivi de ces contaminants et les éliminer.

Règlement proposé concernant l’eau potable

Faisons un court retour dans le passé. En 2016, l’EPA a publié un avis de santé dans lequel elle fixait un objectif de 70 ng/L pour deux composés perfluorés, le sulfonate de perfluorooctane (PFOS) et l’acide perfluorooctanoïque (PFOA). Puis, en juin 2022, l’agence a publié un nouvel avis abaissant les concentrations « sécuritaires » à des valeurs très faibles, presque au seuil de détection.

Le nouveau règlement de l’EPA imposera les premières normes en matière de PFAS dans l’eau potable.

Voyons maintenant les réglementations concernant l’eau potable. En mars 2023, l’EPA a proposé un règlement national pour encadrer la présence des PFOA et PFOS dans l’eau potable, ainsi que celle de quatre autres composés perfluorés. Ce règlement, qui établit des concentrations maximales de contaminants, fixe un objectif quant aux concentrations maximales de PFOS et de PFOA. Il suggère aussi une approche basée sur un indice de risque pour réglementer les quatre autres PFAS. L’EPA propose ainsi ses premières normes en matière de PFAS dans l’eau potable.

En vertu du règlement proposé, la limite pour les PFOA et PFOS possiblement cancérigènes serait de 4 ng/L, soit la concentration minimale détectable de manière fiable par de nombreux laboratoires.

L’EPA entend réglementer les valeurs combinées de quatre autres PFAS et leur attribuer un indice de risque, un outil couramment utilisé dans les domaines de la santé publique et de l’environnement. La formule de calcul de l’indice de risque permettrait de déterminer si des concentrations combinées de ces substances posent un risque pour la santé humaine et requiert de traiter l’eau.

Le règlement proposé obligerait les services publics d’eau potable à réaliser des suivis pour ces six PFAS. Ces services auraient aussi l’obligation d’informer le public des concentrations de PFAS dans l’eau potable et de réduire ces concentrations en cas de dépassement des valeurs limites proposées.

L’EPA prévoit adopter son règlement sur l’eau potable à la fin de 2023 ou au premier trimestre de 2024, une fois terminée la période de consultation du public. Les services publics d’eau potable auront ensuite trois ans pour s’y conformer.

Les municipalités et les fournisseurs assurant un approvisionnement en eau devraient élaborer un plan d’action dès qu’elles constatent des concentrations préoccupantes de PFAS dans leur eau potable.

Élaborer un plan d’action concernant les PFAS

Que devront faire les fournisseurs si les concentrations de PFAS dans l’eau potable dépassent les valeurs réglementaires?

Tout d’abord, la plupart des municipalités et des fournisseurs assurant des services d’approvisionnement en eau devraient élaborer un plan d’action si les concentrations de PFAS dans leur eau potable sont préoccupantes. Cela envoie un signal clair aux parties prenantes que la situation est prise au sérieux et qu’un plan est en place.

Voici les quatre éléments clés d’un plan d’action :

  • Évaluations : Il faut envisager d’accroître les inspections si cela peut aider à déterminer la source et l’étendue de la contamination aux PFAS. Par exemple, nous recommandons de prévoir la prise d’échantillons supplémentaires. Les données obtenues seront utiles pour soutenir les prises de décision. Par ailleurs, très tôt dans le processus d’élaboration du plan d’action, il serait sage d’évaluer les vulnérabilités de la source d’eau afin de déterminer l’incidence des caractéristiques du bassin versant sur les concentrations de PFAS et d’identifier les sources de ces contaminants.
  • Stratégies de réduction : Il importe de déterminer les stratégies de réduction des PFAS qui répondent le mieux aux besoins. Pour ce faire, la réflexion portera sur les solutions temporaires par rapport à celles permanentes, sur les sources de rechange pour l’approvisionnement en eau et sur les possibles modifications aux procédés d’exploitation et de traitement de l’eau.
  • Étude de faisabilité concernant les procédés de traitement : Si un traitement pour réduire les concentrations de PFAS semble une mesure d’atténuation possible, alors une étude de faisabilité devient un élément important du plan d’action.
  • Prochaines étapes : Le plan d’action doit aussi énoncer les prochaines étapes à réaliser. Il peut s’agir d’essais pilotes, du développement d’une nouvelle source d’approvisionnement ou de la conception d’installations de traitement des PFAS.

À ce stade – et durant tout le processus en fait – il est important de maintenir les communications avec les parties prenantes pour les garder informées des activités en cours. Aussi, le moment est propice pour commencer à réfléchir aux avenues de financement des projets de réduction des PFAS, s’il y a lieu.

Envisager une étude pilote de PFAS

En plus de procéder à l’élaboration d’un plan d’action, il est possible de confier à un consultant la réalisation d’une étude pilote, ou simplement d’une étude en laboratoire. Une telle étude préliminaire sera utile pour sélectionner la technique de traitement appropriée, réduire les coûts (particulièrement les coûts sur le cycle de vie utile) et optimiser le procédé de traitement actuel.

Voici cinq choses qu’une étude pilote ou en laboratoire permet d’établir :

  • Procédé de traitement : Quelles sont les technologies de traitement à considérer? Il sera peut-être nécessaire de faire appel à une combinaison de technologies de traitement. Si un prétraitement s’avère indispensable, cela occasionnera-t-il des complications? Selon le procédé de traitement, les autorités réglementaires pourraient exiger la tenue d’une étude pilote. Il est donc important de déterminer avec précision la chaîne de traitement nécessaire selon la qualité de l’eau.
  • Efficacité/performance du traitement : Est-ce que le traitement donne les résultats escomptés? Est-ce que les performances sont adéquates lorsque les installations fonctionnent aux limites de leurs capacités? Quelle est l’efficacité du traitement pour l’élimination des PFAS? De telles informations permettent d’évaluer la durée de vie de la technique de traitement.
  • Coût de l’investissement : Voilà un point important de discussion. Si l’ajout d’équipement de prétraitement s’avère nécessaire, il faudra peut-être prévoir d’agrandir les installations afin de loger l’équipement. Cela augmentera la superficie des installations et le coût du projet.
  • Coûts d’exploitation : Faut-il remplacer l’unité existante de traitement des PFAS? Cela peut grandement contribuer à l’augmentation des coûts d’exploitation. Mais il faut aussi examiner les autres coûts, par exemple ceux liés à l’énergie et à l’élimination.
  • Coût global du cycle de vie : Il est important de connaître le coût global du cycle de vie utile, parce que le coût d’un grand nombre des améliorations effectuées sera supporté par les consommateurs. Il faut avoir l’occasion de préparer les consommateurs à ces coûts supplémentaires.

Autre point à souligner : chaque situation est unique, car l’eau traitée et fournie par un fournisseur diffère de celle d’un autre. Plusieurs facteurs contribuent au succès d’un traitement de réduction des PFAS, comme la concentration en carbone organique total (COT), la dureté de l’eau, la concentration de minéraux et les contaminants. Tous ces facteurs peuvent complexifier le traitement de l’eau. C’est pourquoi il est utile de mener une étude pilote.

Une étude pilote peut aider à réduire les coûts et à optimiser le plan de traitement.

Financement pour les projets relatifs aux PFAS

Les fournisseurs et les municipalités se demandent probablement comment financer la réduction de ces contaminants. Il existe différentes manières de financer la construction et l’exploitation des infrastructures d’eau : certains coûts sont assumés par les utilisateurs (tarifs, frais d’utilisation, etc.) et certains fournisseurs de services publics peuvent percevoir une taxe ou mobiliser des fonds privés. Avec la mise en place de la loi bipartisane sur les infrastructures (BIL), les subventions du gouvernement fédéral américain sont une source importante de financement.

Les subventions peuvent généralement couvrir 40 % des dépenses en immobilisations. En vertu de la BIL, trois principaux programmes du gouvernement fédéral américain financent les projets relatifs aux PFAS dans l’eau potable. Les fonds sont distribués à l’échelle des États. Ces trois programmes sont 

  • EPA Emerging Contaminants in Small or Disadvantaged Communities Grant (subventions de l’EPA pour les contaminants émergents dans les collectivités de petite taille ou désavantagées);
  • EPA Clean Water State Revolving Fund Emerging Contaminants (fonds renouvelable de l’EPA relatif à l’eau propre et aux contaminants émergents);
  • EPA Drinking Water State Revolving Fund (fonds renouvelable de l’EPA relatif à l’eau potable). 

Tous ces programmes de subventions comportent des critères particuliers d’admissibilité et des indications quant aux manières possibles d’utiliser les subventions. Il peut être difficile de s’y retrouver dans tous ces programmes, mais Stantec est là pour aider.

Les 10 milliards de dollars en subventions commencent tout juste à être octroyés, et nous avons récemment aidé deux clients à soumettre leur demande auprès des autorités de leur État. Qu’il s’agisse de recherche et de stratégie, de processus de demande ou de gestion des subventions, notre équipe de spécialistes du financement connaît bien tous les rouages de ces programmes.

Solutions concernant les PFAS

Aucun fournisseur d’eau potable n’est heureux d’apprendre que les taux de PFAS de son eau dépassent les valeurs réglementaires, surtout que la manière dont ces contaminants se retrouvent dans l’eau échappe à son contrôle. Il est donc important d’élaborer un plan propre à chaque situation et de montrer aux parties prenantes que des mesures sont prises pour réduire les contaminants chimiques dans l’eau. Tout fournisseur doit envisager d’élaborer un plan d’action ou de mener une étude pilote, et s’informer des avenues de financement.

Pour toute question ou préoccupation concernant le développement de solutions complètes de traitement de l’eau, n’hésitez pas à nous consulter. Nous vous aiderons à élaborer une solution à long terme.

Traduction du blogue publié originalement sur le site Ideas de Stantec.

À propos de l’auteure :

Reconnue pour son approche novatrice, Nicole possède des dizaines d’années d’expérience en planification, en conception et en construction d’usines de traitement des eaux.

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