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L’accès Internet fiable n’est plus un luxe, mais un droit

11 mai 2020

Nous disposons maintenant des outils et technologies nécessaires pour mettre l’Internet sur le même pied que les routes, les ponts et les autres infrastructures essentielles

Par Simon O'Byrne

En cette période de confinement généralisé, un accès Internet fiable n’est plus un luxe, mais un besoin vital. Les autorités préconisent le télétravail et l’école à la maison. Plus que jamais, nous commandons de la nourriture, effectuons des achats et communiquons avec nos parents et amis par Internet.

Cet enjeu ne date pas d’hier, et nous déployons beaucoup d’efforts pour améliorer le service à large bande. Mais à l’heure où les responsables de la santé publique nous demandent tous de rester à la maison, il devient encore plus urgent de combler les lacunes. Et nous avons les technologies et les connaissances nécessaires pour y parvenir.

Stantec a travaillé avec les communautés des Premières Nations et le gouvernement du Québec à l’aménagement d’un réseau de fibre optique de 800 kilomètres dans les rigueurs du climat et du terrain du Nord-du-Québec.

Des inégalités importantes

La fracture numérique est réelle. Si les nouveaux quartiers et les grands centres urbains ont accès au nec plus ultra des technologies Internet, l’expérience en ligne est différente dans certains villages éloignés, qui sont dans bien des cas desservis par des technologies ou des lignes téléphoniques désuètes. Les clients étant peu nombreux et dispersés sur un vaste territoire, les entreprises de télécommunications ont du mal à justifier l’investissement dans une infrastructure haute vitesse.

C’est particulièrement évident dans les communautés des Premières Nations isolées du Canada, où des infrastructures encore plus fondamentales comme les routes, les ponts et les réseaux d’eau potable sont parfois déficientes.

Dans les villes, l’accès Internet varie grandement d’un foyer et d’un quartier à l’autre. Les quartiers ouvriers où les investissements dans les infrastructures accusent un retard n’ont peut-être pas le niveau de connectivité requis pour travailler et apprendre efficacement à la maison. En fait, une étude réalisée en 2018 par Microsoft estimait que la moitié des Américains (163 millions) n’avait pas de connexion Internet haute vitesse à la maison.

L’accès Internet dans les différentes classes socioéconomiques soulève un autre problème majeur. Dans un contexte de transition vers la scolarisation en ligne, cette commodité est devenue une nécessité. Les familles qui comptaient sur l’Internet gratuit des bibliothèques publiques se retrouvent les mains vides. Chacune d’entre elles doit disposer d’un ordinateur portable et d’une connexion Internet pour que les enfants puissent poursuivre leur apprentissage.

Le projet de réseau de fibre noire à large bande du comté de Whatcom, dans l’État de Washington, s’étendra sur 65 kilomètres pour répondre aux besoins futurs de la communauté.

Combler les lacunes grâce à la pandémie

Certaines administrations scolaires font de leur mieux pour répondre aux besoins, mais se retrouvent en mode rattrapage dans une situation d’urgence.

Dans le nord-est de l’Ontario, les conseils scolaires interrogent les familles pour avoir une meilleure idée de leur accès à l’Internet et au matériel, afin de favoriser l’éducation de chaque enfant. Bon nombre d’entre eux desservent un très grand territoire, et certains ont indiqué que jusqu’à 200 élèves n’avaient pas accès à l’apprentissage en ligne.

En région rurale, le coût de l’Internet constitue un obstacle pour bien des ménages et la vitesse est insuffisante pour le vidéoclavardage. La situation peut être très frustrante pour les familles, sans compter qu’elle crée indirectement deux classes d’élèves : ceux qui peuvent facilement suivre leurs cours en ligne et ceux pour qui c’est impossible.

Le déploiement du service à large bande, en particulier dans les régions éloignées, nécessite des compétences interdisciplinaires.

En Arizona, près de 60 % des foyers du comté de Maricopa (où se trouve la ville de Phoenix) disposent d’une connexion haute vitesse suffisante pour la visioconférence, selon Microsoft. En revanche, dans le comté rural de Cochise (près de Tucson), à peine 25 % des ménages ont la haute vitesse. En Amérique du Nord, les points d’accès publics, où l’on peut accéder à l’Internet haute vitesse depuis un stationnement, sont monnaie courante. Ce n’est pas la solution idéale pour bien des familles, mais c’est une option qui s’offre à elles.

En Californie, où les écoles resteront sans doute fermées jusqu’à la fin de l’année scolaire, Google arrive à la rescousse. Le géant du Web s’est engagé à fournir gratuitement un accès sans fil à 100 000 familles californiennes en milieu rural jusqu’à la fin des classes et à mettre 4 000 ordinateurs portables Chromebook à la disposition des élèves.

Au Canada, l’entreprise de télécommunications Bell compte accélérer le déploiement du service sans fil à large bande afin de connecter 137 000 foyers ruraux supplémentaires d’ici la fin avril.

Le secteur privé, les organismes sans but lucratif et les gouvernements unissent leurs efforts pour maintenir la société à flot pendant la pandémie, mais nous pouvons continuer de mettre au point des solutions à long terme.

Connecter les Premières Nations de Matawa, dans le nord de l’Ontario, a impliqué six communautés réparties sur 881 km et comptait plusieurs routes de glace. Ce projet a nécessité la mise en œuvre de solutions d’ingénierie traversant des lacs, dont le lac Attawapiskat, d’une largeur d’environ 19 km.

Rendre le service à large bande accessible à tous

Nous savons où il y a lieu d’améliorer la connectivité : le gouvernement du Canada a dressé la carte des zones où le service à large bande laisse à désirer. Il existe également de bons programmes gouvernementaux visant à augmenter la couverture, comme Brancher pour innover, qui a déjà permis d’accorder plus de 600 millions de dollars en subventions pour connecter les communautés rurales. Aux États-Unis, le Rural Digital Opportunity Fund prévoit un investissement pouvant atteindre 20,4 milliards de dollars sur dix ans dans les réseaux haute vitesse à large bande.

Ce ne sera toutefois pas une mince affaire : le déploiement du service à large bande, en particulier dans les régions éloignées, nécessite des compétences interdisciplinaires.

Voici un aperçu de ce qu’il faudra faire :

  • Trouver des occasions d’étendre le réseau à large bande. Pour ce faire, on peut se familiariser avec une possibilité de financement ou intégrer l’Internet à des mises à niveau d’infrastructures publiques, comme les réseaux d’égouts pluviaux ou sanitaires. Certaines petites municipalités n’excavent la rue principale que tous les 20 ou 30 ans, ce qui n’est pas en phase avec la vitesse d’évolution de la fibre optique. Chaque fois qu’on procède à des travaux d’excavation routière, il faudrait envisager la possibilité d’installer ou de mettre à niveau des lignes à large bande, et accorder la même importance à l’Internet qu’aux autres infrastructures essentielles.
  • Mener une analyse de rentabilité et créer un modèle de financement. Des subventions gouvernementales sont offertes pour le développement du réseau à large bande, mais il incombe aux dirigeants municipaux d’élaborer un modèle de gestion et un plan. Des services-conseils spécialisés peuvent les aider à concevoir un plan stratégique et un avant-projet viable. Plus le plan est complet, plus il générera des retombées importantes. Certaines municipalités ont trouvé des moyens de mettre en place une dorsale de fibre optique, soit la base pour offrir un accès Internet fiable à toute une région.
  • Obtenir les permis et établir le plan. Une multitude d’entités exigent des permis pour l’installation de nouvelles lignes, notamment les autorités environnementales, le ministère des Pêches et des Océans, les Premières Nations, les organismes de transport et les concessions minières locales. Il ne faut pas non plus oublier les travaux archéologiques à réaliser, les consultations communautaires et la conception préliminaire pour déterminer le tracé optimal.
  • Concevoir le réseau et trouver des solutions d’ingénierie. Les besoins en matière de conception et d’ingénierie varient considérablement. Dans un nouveau quartier, l’aménagement d’un réseau est relativement simple. Par contre, le déploiement du service à large bande dans une région nordique éloignée comporte son lot d’embûches : lacs à traverser, pergélisol, muskeg, connexions électriques et routes d’accès insuffisantes, etc. Qui plus est, les travaux d’excavation dans une communauté existante peuvent être très dérangeants. Le recours au forage directionnel par GPS – une méthode utilisée dans l’industrie des hydrocarbures – peut contribuer à limiter les désagréments. Quel que soit le problème, il est possible de proposer des solutions créatives et réalisables pour donner aux gens l’accès Internet dont ils ont besoin et qu’ils méritent.

Après la pandémie, le monde devra se pencher sur le rôle de la connectivité numérique dans nos vies et sur l’accès aux services essentiels et à l’éducation que procurent les TI. Au fil du déploiement de la nouvelle génération de technologies – les réseaux 5G –, l’enjeu de l’accès équitable à l’Internet gagnera en importance. Stantec travaille avec les communautés pour élargir la couverture du service à large bande, ce qu’elle continuera de faire au sortir de la crise. Nous devons absolument mettre en place un réseau Internet fiable, considéré comme une infrastructure essentielle, si nous voulons vivre dans une société juste et démocratique au 21e siècle.

À nous d’y parvenir.

À propos des auteurs :

Simon est un concepteur et planificateur urbain récipiendaire de nombreux prix prestigieux.

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